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PRESS/25
16 octobre 1995
La
complexit?croissante des relations 閏onomiques internationales exige un 閘argissement
et un approfondissement du syst鑝e commercial multilat閞al - d閏lare le Directeur
G閚閞al de l'OMC
Les
th閛ries politiques qui ont pr関alu pendant la toute p閞iode de la guerre froide n'ont
plus de raison d'阾re et les relations entre le Nord et le Sud, si souvent
caract閞is閑s dans le pass?par une polarisation inutile et un dialogue de sourds ont
irr閙閐iablement chang? a dit M. Renato Ruggiero, Directeur g閚閞al de l'OMC,
aujourd'hui 16 octobre ?l'Universit?Harvard de Boston (Etats-Unis), ?l'occasion
de la Conf閞ence Paul-Henri Spaak.Dans un discours stimulant, M. Ruggiero a d閏rit ?grands traits les aspects les plus urgents du programme qui attend d鑣 aujourd'hui le syst鑝e de commerce multilat閞al, soulignant que l'OMC doit tenir compte d'un plus large 関entail d'int閞阾s ?mesure qu'elle devient une institution plus globale.
Un objectif-cl?閠ait de faire entrer la Chine, la Russie et d'autres 閏onomies en transition dans le syst鑝e commercial multilat閞al ?des conditions qui contribuent ? leurs propres processus de r閒orme tout en respectant pleinement l'int間rit?de ce syst鑝e. Les initiatives prises par de nombreux pays en d関eloppement avaient r閐uit la fracture qui existait de longue date entre le Nord et le Sud. En effet, ces pays s'en 閠aient remis au syst鑝e commercial de l'OMC pour la continuit? la stabilit?et la promesse de d閎ouch閟 commerciaux, puisqu'ils avaient adopt?des politiques commerciales lib閞ales et fait davantage appel ?la concurrence internationale pour g閚閞er revenu et croissance. Mais pour les pays en d関eloppement ?faible revenu qui ne participaient manifestement pas ?l'accroissement de la prosp閞it?mondiale, la responsabilit?de l'OMC 閠ait engag閑. Elle devait veiller ?ce que ces pays puissent diversifier leur production pour l'exportation et accro顃re leurs d閎ouch閟 ? l'exportation dans des conditions de concurrence.
M. Ruggiero a soulign?que la cr閍tion de l'OMC marquait certes une 閠ape cruciale mais que l'Organisation devait se d関elopper en un syst鑝e solide, en constante 関olution, tout comme l'閏onomie mondiale qu'elle sous-tendait. Sa cr閐ibilit?閠ait subordonn閑 au plein respect par les gouvernements Membres des r鑗les, disciplines et engagements en mati鑢e d'ouverture des march閟 qui d閏oulaient du Cycle d'Uruguay et ?l'ex閏ution du mandat 閠abli dans ce contexte, qui 閠ait de mener d'autres n間ociations, en particulier dans le domaine du commerce des services.
M. Ruggiero a ensuite d閏rit les questions dont on pourrait s'occuper ?l'avenir, du fait de l'閘argissement du processus g閛politique d'int間ration 閏onomique mondiale - question comme le commerce et l'environnement, le commerce et les normes sociales, la r閏iprocit?et le principe NPF, la croissance du r間ionalisme et le syst鑝e commercial multilat閞al, ainsi que la politique en mati鑢e d'investissements et de concurrence. "Les d閒is que le syst鑝e commercial multilat閞al doit relever, a dit M. Ruggiero, d閜assent de loin le cadre du commerce et des questions commerciales telles qu'on les d閒inissait jusqu'ici. La confluence des 関閚ements politiques et 閏onomiques qui sont intervenus ces derni鑢es ann閑s nous offre une occasion historique d'閠ablir un syst鑝e v閞itablement mondial pour la conduite efficace des relations 閏onomiques internationales."
On trouvera ci-joint le texte int間ral de l'allocution de M. Ruggiero.
Note aux journalistes:
Paul-Henri Spaak (1899-1972) a 閠?l'homme d'Etat le plus en vue de la Belgique dans les d閏ennies qui ont suivi la deuxi鑝e guerre mondiale. Champion de la coop閞ation europ閑nne, il a jou?un grand r鬺e dans la cr閍tion de la Communaut?閏onomique europ閑nne et de l'Organisation du Trait?de l'Atlantique Nord.
Le d閒i mondial: les possibilit閟 et les choix qu'offre le syst鑝e commercial multilateral
Quatorzi鑝e Conf閞ence Paul-Henri Spaak
Renato Ruggiero
Directeur g閚閞al de l'Organisation mondiale du commerce
Universit?Harvard, 16 octobre 1995
I
Je suis ravi d'阾re ici aujourd'hui pour prononcer la quatorzi鑝e Conf閞ence Paul-Henri Spaak et honorer la m閙oire d'un grand homme d'Etat europ閑n, d'un homme dou?d'une grande clairvoyance. Spaak a consacr?sa vie ?la cause de la coop閞ation internationale, et men?son action la plus importante ?une 閜oque o?les dirigeants du monde entier cherchaient ?red閒inir l'ordre mondial, apr鑣 un conflit arm?d'une ampleur sans pr閏閐ent dans l'histoire de l'humanit? Il est tout ?fait compr閔ensible que Paul-Henri Spaak ait 閠??la fois un pan-Europ閑n engag?et un Atlantiste - il s'agissait l?des pi鑓es d'un m阭e puzzle. De la m阭e fa鏾n aujourd'hui, dans notre monde extraordinairement interd閜endant, je ne pense pas que nous puissions parler de coop閞ation internationale sans nous placer dans une perspective mondiale. C'est pourquoi j'aimerais traiter essentiellement de la coop閞ation internationale dans son acception la plus large et je suis s鹯 que vous ne serez pas surpris si je souligne l'importance fondamentale du syst鑝e commercial multilat閞al pour la croissance et la stabilit? internationales. Je veux vous d閏rire un syst鑝e en constante 関olution, tout comme l'閏onomie mondiale qu'il sous-tend. Je commencerai l?o?Spaak a commenc? c'est-?dire par les efforts consentis pour reb鈚ir un monde meilleur apr鑣 1945. J'esp鑢e vous prouver, ?mesure que j'avancerai, que les d閒is et les possibilit閟 qui s'offrent ?nous aujourd'hui sont en quelque sorte comparables ?ceux avec lesquels les p鑢es fondateurs de notre syst鑝e 閠aient aux prises. Nous devons d'urgence faire preuve de la m阭e sagacit?qu'eux.
Compte tenu des r閟ultats que venait de donner un nationalisme destructeur et une politique 閏onomique de repli sur soi, les responsables con鐄rent les arrangements commerciaux internationaux d'apr鑣 guerre de mani鑢e ?placer toutes les nations dans une interd閜endance 閏onomique qui devait aider ?pr閟erver la paix et la s閏urit? Le commerce devait servir en priorit??cimenter les relations entre les nations, ? garantir l'harmonie internationale. Depuis ses d閎uts, il y a une cinquantaine d'ann閑s, des d閎uts largement inspir閟 par l'Am閞ique avec leur orientation transatlantique, le syst鑝e commercial du GATT a contribu?de mani鑢e cruciale ?la paix et ?la prosp閞it? dans un cadre global, en perp閠uelle expansion.
Au d閜art, le syst鑝e reposait fermement sur le principe de la non-discrimination et soulignait l'importance d'une relation contractuelle solide, fond閑 sur des r鑗les, entre les membres. Ces deux 閘閙ents expliquent le succ鑣 du GATT. Un succ鑣 dont t閙oigne la multiplication par 13 du commerce international depuis 1950. De plus en plus, les possibilit閟 閏onomiques reposent sur les 閏hanges internationaux. Aux Etats-Unis, par exemple, les exportations ne repr閟entaient que 5 pour cent du revenu national en 1960. Au d閎ut des ann閑s 90, la part des exportations dans le PIB avait plus que doubl? Malheureusement, nous n'avons pas de statistiques fiables sur le commerce international des services, mais nous savons que celui-ci progresse encore plus vite que le commerce des Goods et qu'il repr閟ente maintenant environ 20 pour cent des courants d'閏hanges internationaux.
Si le commerce gagne en importance, il en va de m阭e de sa contribution ?la cr閍tion et au maintien d'emplois. Aux Etats-Unis seulement, plus de 7 millions d'emplois d閜endent des exportations de Goods. Un tiers environ des emplois cr殫s aux Etats-Unis au cours des dix derni鑢es ann閑s s'expliquent par l'accroissement des exportations de Goods et la quasi-totalit?des nouveaux emplois dans le secteur manufacturier d閏oulent de l'activit?exportatrice. Si nous disposions de donn閑s sur les services, ces chiffres seraient encore plus impressionnants.
Les flux d'investissement internationaux ont eux aussi progress?de fa鏾n spectaculaire ces derni鑢es ann閑s. Les investissements 閠rangers directs au niveau mondial, qui se chiffraient ?50 milliards de dollars EU par an en moyenne pendant la premi鑢e moiti?des ann閑s 80, 閠aient pass閟 ?194 milliards de dollars EU en 1993. Il y eut un temps o?les milieux d'affaires internationaux avaient tendance ? consid閞er le commerce et l'investissement comme des moyens interchangeables de s'assurer l'acc鑣 aux march閟 閠rangers. Aujourd'hui, les entreprises doivent pouvoir ?la fois investir et commercer dans le monde entier - et pour cela elles doivent pouvoir faire fond sur des r間imes de commerce et d'investissement ouverts et pr関isibles.
Huit s閞ies de n間ociations commerciales multilat閞ales se sont tenues sous l'間ide du GATT. Gr鈉e ?elles, l'Organisation a pu progressivement r閐uire les droits de douane, qui sont aujourd'hui de moins de 4 pour cent en moyenne, soit le dixi鑝e de ce qu'ils 閠aient imm閐iatement apr鑣 la guerre. Avec la r閐uction des droits de douane, d'autres mesures restreignant les 閏hanges sont devenues plus apparentes. Dans les s閞ies de n間ociations plus r閏entes, l'accent a 閠?mis sur les obstacles non tarifaires au commerce, et l'on a assist??la mise en place d'un ensemble de droits et d'obligations de plus en plus g閚閞al et complexe. Parall鑜ement, les n間ociations se sont aventur閑s dans de nouveaux domaines, en dehors du commerce des Goods proprement dit, l'objectif 閠ant de faire en sorte que le syst鑝e soit ?la hauteur de la t鈉he consistant ?g閞er les relations 閏onomiques internationales dans le monde d'aujourd'hui.
Le Cycle d'Uruguay, qui s'est achev?r閏emment, est le meilleur exemple de l'ampleur prise par notre programme pour faire face aux situations nouvelles. Avec le Cycle d'Uruguay, le GATT s'est transform?en une Organisation mondiale du commerce, donnant au syst鑝e commercial des bases institutionnelles coh閞entes et solides. Une nouvelle proc閐ure int間r閑 de r鑗lements des diff閞ends a 閠?cr殫e pour garantir un r鑗lement rapide, objectif et neutre des diff閞ends commerciaux entre gouvernements. Des progr鑣 consid閞ables ont aussi 閠?faits dans des secteurs dans lesquels les politiques protectionnistes 閠aient les plus r閟istantes, notamment l'agriculture et les textiles, et des disciplines plus rigoureuses ont 閠?閘abor閑s en ce qui concerne les subventions, le commerce d'Etat, les normes techniques et les proc閐ures de licences, pour ne donner que quelques exemples. Le Cycle d'Uruguay a 閠?la premi鑢e s閞ie de n間ociations dans laquelle on a trait?du commerce des services et de la protection des droits de propri閠? intellectuelle. En manifestant leur attachement continu ?la lib閞alisation du commerce et au renforcement de la concurrence, les gouvernements font preuve de clairvoyance et contribuent de mani鑢e d閠erminante ?l'activit?閏onomique mondialis閑.
La mondialisation, terme par lequel je d閟igne la multitude des relations entre 閏onomies nationales, est la cons閝uence logique des progr鑣 technologiques fait dans les domaines des communications et des transports. Elle d閏oule aussi de l'environnement favorable que les r鑗les et les engagements en mati鑢e d'acc鑣 aux march閟 du syst鑝e multilat閞al assurent. Ainsi, gr鈉e ?des politiques et ?des techniques modernes favorables, les entreprises ont 閠?incit閑s ?coop閞er au plan international - comme la plupart le souhaitent naturellement -, ce qui aurait 閠?tr鑣 difficile il y a 20 ou 30 ans. L'int間ration mondiale est manifeste si l'on en juge par l'avance prise ann閑 apr鑣 ann閑 par la croissance du commerce sur la croissance de la production: ? une augmentation de 10 pour cent de la production mondiale correspond une augmentation de 16 pour cent du commerce mondial. Cette tendance s'acc閘鑢e; l'accroissement du commerce mondial l'ann閑 derni鑢e a 閠?pr鑣 du triple de celui de la production mondiale. Cette progression du ratio du commerce mondial ?la production mondiale n'est pas seulement la preuve de l'interd閜endance croissante des nations. En attirant l'attention sur le fait que le commerce international a toujours 閠?plus dynamique que la production pendant l'apr鑣-guerre, elle fait ressortir le r鬺e central que le commerce international a jou?dans la croissance 閏onomique pendant cette p閞iode.
Il y a ceux qui voudraient remonter le temps et voir dispara顃re la d閜endance mutuelle des nations. Mais personne ne peut arr阾er le cours de l'histoire. L'interd閜endance a 閚orm閙ent contribu??relever les revenus et ?instaurer la paix entre les nations et elle est l?pour rester - et pour se d関elopper. La question est de savoir comment faire pour qu'elle s'applique ?toutes les nations et qu'elle s'applique mieux.
La question est redoutable, il est vrai. Mais les 関閚ements r閏ents nous donnent une occasion historique, une chance de d閒inir quelque chose de diff閞ent et de durable dans les relations internationales. Les th閛ries politiques pr関isibles qui ont pr関alu pendant toute la p閞iode de la guerre froide n'ont plus de raison d'阾re. Les relations entre le Nord et le Sud, si souvent caract閞is閑s dans le pass?par une polarisation inutile et un dialogue de sourds, ont elles aussi irr閙閐iablement chang? L'effondrement du bloc communiste a 閠?symbolis?de mani鑢e frappante par la chute du mur de Berlin, mais aucun symbole de ce genre n'a appel?l'attention sur les changements qui sont intervenus dans les relations entre pays d関elopp閟 et pays en d関eloppement. Pourtant ces changements s'av閞eront tout aussi importants.
II
Du point de vue du syst鑝e commercial multilat閞al, que signifie tout cela? Nous avons maintenant une double t鈉he ?accomplir. Celle d'閘argir le syst鑝e g閛graphiquement pour le rendre v閞itablement mondial, et celle de veiller ?ce qu'il reste efficace face ?la complexit?croissante des relations 閏onomiques internationales. Vous savez tous que le d閎at va se poursuivre au sein de l'Union europ閑nne au sujet des choix entre l'閘argissement g閛graphique de l'Union et l'approfondissement de ses dispositions fondamentales. Il s'agit d'un d閎at hautement politique car l'閘argissement et l'approfondissement sont souvent consid閞閟 comme des solutions rivales. Mais pour le syst鑝e commercial multilat閞al, il n'y pas d'alternative. Pr閏is閙ent parce que l'OMC aspire ?devenir une entit?v閞itablement mondiale et comp閠ente pour les questions commerciales, nous devons progresser simultan閙ent sur les deux fronts.
En ce qui concerne l'expansion g閛graphique, nous devons relever plusieurs d閒is. Premi鑢ement, la douzaine d'Etats cr殫s ?la suite de la d閟int間ration de l'Union sovi閠ique ont cherch? ou chercheront, ?devenir Membres de l'OMC. Le processus d'accession de la Russie est en cours, de m阭e que celui de plusieurs autres pays de l'ex-URSS, y compris les Etats Baltes, l'Ukraine et l'Arm閚ie. Les travaux sur les relations de la Chine avec le GATT durent depuis maintenant une dizaine d'ann閑s. Faire entrer la Chine, la Russie et d'autres 閏onomies en transition dans l'OMC, en tant que participants ?part enti鑢e, est un objectif-cl?des mois et des ann閑s ?venir.
Dans le pass? des pays ?閏onomie planifi閑 comme la Pologne, la Roumanie et la Hongrie ont 閠?autoris閟 ?devenir Membres du GATT sans avoir ?entreprendre une v閞itable r閒orme de leur 閏onomie. Des protocoles d'accession sp閏iaux ont 閠?閘abor閟, qui reconnaissaient que des possibilit閟 commerciales ne seraient pas cr殫es par le libre jeu des forces du march? aussi reposaient-ils sur des engagements en mati鑢e d'expansion des importations tout en permettant la persistance d'arrangements commerciaux discriminatoires. L'opportunisme politique et l'int閞阾 閏onomique limit?de ces arrangements n'ont aucune place dans l'OMC d'aujourd'hui. Les 閏onomies en transition se sont lanc閑s dans des transformations 閏onomiques spectaculaires et difficiles pour passer ?un syst鑝e ax?sur le libre jeu des forces du march? Les conditions auxquelles elles acc閐eront ?l'OMC doivent contribuer au processus de r閒orme et 阾re r閍listes. Mais la taille de certains de ces pays et leur puissance 閏onomique font aussi qu'il est important de veiller ?ce que les modalit閟 de leur accession soient pleinement compatibles avec l'int間rit?du syst鑝e commercial de l'OMC. La coh閞ence du syst鑝e ne doit pas 阾re sacrifi閑 au nom de l'universalit?- m阭e si l'universalit?est l'objectif ultime; parce qu'un syst鑝e commercial mondial qui exclut une partie importante de la population mondiale est tout ?fait contradictoire.
L'autre r関olution g閛politique du syst鑝e commercial est la participation croissante des pays en d関eloppement. Ces dix derni鑢es ann閑s, des dizaines de pays en d関eloppement ont adopt?des politiques commerciales lib閞ales et ont fait davantage appel ?la concurrence internationale pour g閚閞er des revenus et renforcer la croissance. Plus de 70 pays en d関eloppement ont mis en oeuvre des mesures unilat閞ales de lib閞alisation pendant cette p閞iode. Ce processus a peu ?peu r閐uit la fracture qui existait de longue date entre le Nord et le Sud. De nombreux pays ?diff閞ents niveaux de revenu et de d関eloppement s'en sont remis au syst鑝e commercial de l'OMC pour la continuit? la stabilit?et la promesse de d閎ouch閟 commerciaux. Cela ne signifie pas que les int閞阾s et les priorit閟 des pays soient identiques. Si l'une des t鈉hes de l'OMC est de trouver si possible les int閞阾s communs, et d'encourager une action collective, les pays ne peuvent pas 阾re forc閟 ?agir: il faut qu'ils fassent d'eux-m阭es le premier pas apr鑣 avoir reconnu que tel 閠ait leur int閞阾. Par cons閝uent, ?mesure qu'elle devient une institution plus globale, l'OMC doit prendre en compte un plus large 関entail d'int閞阾s. Il est possible que cela soit plus difficile que dans le monde d'hier, plus simple, domin?par quelques pays de m阭e id閛logie; mais nous devons r閡ssir, et le succ鑣 sera au moins aussi gratifiant.
Toutefois, comme je l'ai d閖?dit, les pays en d関eloppement Membres de l'OMC ont des int閞阾s diff閞ents. Si nombre d'entre eux continuent de cro顃re et de se moderniser, en g閚閞ant des richesses suffisantes pour am閘iorer les conditions de vie de leur population, certains pays en d関eloppement ?faible revenu ne participaient manifestement pas ?l'accroissement de la prosp閞it?mondiale. Aucune soci閠?ne peut tirer efficacement profit des possibilit閟 offertes par un march?mondial si nombre des individus qui la composent n'ont m阭e pas le strict n閏essaire. Nous nous devons de donner ?ces pays les moyens de d閏oller. Dans le cadre du syst鑝e commercial, nous devons faire tout notre possible pour que les pays en d関eloppement ?faible revenu puissent ?la fois diversifier leur production destin閑 ?l'exportation et accro顃re leurs march閟 d'exportation sur une base concurrentielle. A l'OMC, nous mettons en oeuvre un programme sp閏ial pour l'Afrique, en particulier, dont l'objet est d'aider les gouvernements ?mieux tirer parti des possibilit閟 offertes en mati鑢e de commerce international et d'investissement 閠ranger. Il s'agit l?d'un effort modeste, et davantage doit 阾re fait, notamment en collaboration avec d'autres institutions 閏onomiques multilat閞ales.
III
Voil?la t鈉he dont nous devons nous acquitter pour faire du syst鑝e commercial de l'OMC un syst鑝e v閞itablement universel d'un point de vue g閛graphique. Qu'en est-il de l'approfondissement de syst鑝e? En insistant sur la lib閞alisation, en ouvrant une br鑓he dans les domaines du commerce o?le protectionnisme s'閠ait longtemps r関閘? indestructible et en s'attaquant courageusement ?des aspects enti鑢ement nouveaux et tr鑣 importants du commerce, le Cycle d'Uruguay a marqu?de son empreinte les relations commerciales internationales. La cr閍tion de l'OMC est certes un 関閚ement crucial. Mais il s'agit d'un point de d閜art. Notre institution devra relever trois grands d閒is dans les ann閑s ?venir. Premi鑢ement, il lui faudra consolider ce que nous avons obtenu, deuxi鑝ement, appliquer le programme de n間ociation 閠abli, qui consiste essentiellement ?achever les travaux commenc閟 au cours du Cycle d'Uruguay, et troisi鑝ement s'attaquer aux nouveaux probl鑝es qui d閖?pointent ?l'horizon. Permettez-moi de dire quelques mots au sujet de chacune de ces t鈉hes.
- Voyons d'abord la consolidation ou mise en oeuvre. Le nombre des th鑝es trait閟 au cours du Cycle d'Uruguay est impressionnant, m阭e pour les n間ociateurs les plus acharn閟. Le texte auquel on a abouti comprend pas moins de 19 accords, 24 d閏isions, huit m閙orandums d'accord et trois d閏larations. Certains de ces textes sont 関idemment plus importants que d'autres, mais ils repr閟entent ensemble pr鑣 de 500 pages de dispositions soigneusement 閘abor閑s, 閚on鏰nt de nombreux engagements. (Et cela pour ne rien dire des 24 000 pages d'engagements sp閏ifiques en mati鑢e d'acc鑣 aux march閟.) Pour certains pays, plusieurs de ces engagements co飊cident avec les politiques existantes. Dans d'autres cas, ils appellent un changement. Un effort concert?est requis de tous les membres de l'OMC pour consolider les r閟ultats du Cycle d'Uruguay et veiller ?ce qu'ils soient pleinement mis en oeuvre. On se demande si des arrangements de mise en oeuvre progressive pour certains de ces engagements ne devraient pas 阾re envisag閟. Pour ma part, je ne vois pas pourquoi les avantages de la lib閞alisation dans un pays devraient 阾re retard閟 plus longtemps qu'il n'est absolument n閏essaire. M阭e sous leur forme actuelle, les engagements exigent des travaux r間uliers et continus dans les administrations nationales et ?l'OMC au quotidien. Il s'agit de travaux qui font rarement les gros titres mais qui sont essentiels au bon fonctionnement du syst鑝e.
- Toutefois, notre premi鑢e priorit?est de faire en sorte que le nouveau syst鑝e de r鑗lement des diff閞ends fonctionne d'une mani鑢e juridiquement et politiquement cr閐ible. Lorsque des difficult閟 et des d閟accords surviennent, les dispositions de l'OMC en mati鑢e de consultations, de conciliation et de r鑗lement des diff閞ends peuvent 阾re mises en oeuvre. La volont?de se conformer ?ces proc閐ures de r鑗lement des diff閞ends et aux constatations qui en d閏oulent est tout aussi importante que le respect des r鑗les. Apr鑣 ?peine neuf mois d'existence, il semble que le nouveau syst鑝e donne d閖?des r閟ultats encourageants. Premi鑢ement, les gouvernements y recourent d'une mani鑢e qui t閙oigne d'une tr鑣 grande confiance dans l'OMC. Une vingtaine d'affaires ont 閠?port閑s devant l'Organe de r鑗lement des diff閞ends - soit beaucoup plus qu'en une seule des 47 ann閑s d'existence du GATT. Deuxi鑝ement, la proc閐ure automatique acc閘閞閑 et la certitude que les r閟ultats auxquels elle aboutit seront respect閟 semblent favoriser un r鑗lement rapide dans le cadre du processus initial de consultation - on peut citer en exemple l'affaire concernant les voitures et les pi鑓es d閠ach閑s qui a r閏emment oppos?les Etats-Unis et le Japon. Et c'est bien l?l'objectif - r閟oudre rapidement les diff閞ends commerciaux plut魌 que de cr閑r une jurisprudence. Il est 関ident que de nombreux diff閞ends suivront le cours normal et je suis certain que nous pourrons aboutir ?des jugements objectifs, pr閏is, bien argument閟 qui susciteront la confiance des gouvernements et des l間islateurs du monde entier. Nul ne doit craindre que les groupes sp閏iaux charg閟 du r鑗lement des diff閞ends ou le nouvel organe d'appel ne parviennent ?des conclusions arbitraires ou ne manquent de neutralit?
- Pour tous les pays, de nouvelles obligations d閠aill閑s ont 閠?cr殫es en ce qui concerne la notification des politiques et des mesures, de mani鑢e que les partenaires commerciaux soient s鹯s d'阾re pleinement inform閟. La transparence est essentielle si l'on veut encourager la confiance mutuelle et le respect des r鑗les. De fait, l'un des r閟ultats du Cycle d'Uruguay a 閠?la mise en place d'un m閏anisme d'examen des politiques commerciales dans le cadre duquel les politiques des diff閞ents Membres de l'OMC sont examin閑s multilat閞alement dans le d閠ail. Ces examens donnent aux pays l'occasion de proc閐er en toute franchise et sans acrimonie ?des 閏hanges de vues sur leurs politiques mutuelles. Ils contribuent utilement ?la transparence et aident les partenaires commerciaux ?prendre conscience des questions qui se posent.
- Lors des pr閏閐entes s閞ies de n間ociations commerciales multilat閞ales, les travaux inachev閟 traduisaient g閚閞alement une incapacit??se mettre d'accord sur des questions fondamentales, comme celle de savoir s'il fallait faire quelque chose au sujet de l'agriculture ou des textiles, ou s'il fallait concevoir de nouvelles r鑗les sur les mesures de sauvegarde. Tel n'a pas 閠?le cas lors du Cycle d'Uruguay. Toutefois, ?la fin des n間ociations en 1993, il est apparu qu'un d閘ai suppl閙entaire serait n閏essaire dans quelques secteurs-cl閟. On le voit en particulier dans le domaine des services o?nous avons d閖?tenu des n間ociations faisant suite au Cycle d'Uruguay - sur les services financiers et le mouvement des personnes physiques - et o?nous avons engag?des n間ociations sur l'ouverture des t閘閏ommunications de base et des services de transport maritime. Nous n'avons certainement pas obtenu tout ce que nous voulions dans les secteurs des services financiers et du mouvement des personnes physiques, mais nous avons fait des progr鑣. Pour ce qui est des services financiers en particulier, une trentaine de pays ont pris des engagements additionnels pr閏ieux en mati鑢e d'ouverture des march閟.
- Les n間ociations sur les t閘閏ommunications de base doivent s'achever d'ici ?la fin d'avril 1996. Elles offriront de nouvelles possibilit閟 importantes dans les domaines du commerce et de l'investissement. Les n間ociations co飊cident avec la tendance ?la lib閞alisation du secteur, qui tient ?la fois ?des pressions des industries utilisatrices et ?la rapidit?des progr鑣 techniques. Toutefois, dans de nombreux pays, on note une r閟istance ?la suppression des arrangements monopolistiques en mati鑢e d'approvisionnement et une action multilat閞ale concert閑 est le meilleur moyen d'arriver ?des r閟ultats de vaste port閑. Si ces n間ociations aboutissent, les exploitants de t閘閏ommunications devraient pouvoir offrir un large 関entail de services ?des prix comp閠itifs, tant sur les march閟 nationaux que sur les march閟 internationaux. Les Etats-Unis jouent un r鬺e de premier plan dans cette n間ociation puisqu'ils ont l'un des march閟 des t閘閏ommunications les plus lib閞aux, o?les co鹴s sont les plus faibles. C'est pourquoi leur attachement ?un r閟ultat v閞itablement multilat閞al est crucial. Nous devons arriver ?de solides r閟ultats dans les n間ociations de l'OMC si nous voulons voir se concr閠iser l'id閑 d'une soci閠?mondiale de l'information - avec tout ce que cela signifiera: revitalisation des 閏onomies, transformation de la soci閠?et d関eloppement des moyens ?la disposition de l'individu.
- Les n間ociations sur les services de transport maritime, quant ?elles, portent sur l'un des moyens d'閏hange les plus anciens entre les peuples, moyen qui conserve son importance fondamentale pour le commerce des Goods. L'am閘ioration prodigieuse des techniques d'exp閐ition ces derni鑢es ann閑s doit s'accompagner d'une am閘ioration des politiques applicables dans ce secteur. L?aussi, il s'agit d'une n間ociation dans laquelle certains d閒endent fermement leur position et il est essentiel que nous nous rappelions qu'elle est tout aussi valable et importante que les n間ociations dans d'autres domaines.
- Parmi les travaux inachev閟 du Cycle d'Uruguay, il y a aussi le programme d'action futur. Celui-ci comprend plusieurs 閘閙ents. Les Membres de l'OMC ont d閖?pr関u d'engager des s閞ies de n間ociations successives sur le commerce des services en vue d'arriver progressivement ?une lib閞alisation plus pouss閑. La premi鑢e de ces s閞ies de n間ociations doit commencer dans les cinq ann閑s ?venir. De m阭e, dans le secteur de l'agriculture, les Membres se sont engag閟 ?entamer des n間ociations visant ?r閐uire encore le soutien et la protection. Le d閘ai envisag?est le m阭e que pour les services. Ces engagements et plusieurs autres pris dans le cadre de l'Accord sur l'OMC montrent que les Membres ont bien reconnu qu'il fallait poursuivre et accro顃re la lib閞alisation du commerce - cercle vertueux d'efforts de coop閞ation mondiale qui est la base d'un syst鑝e multilat閞al efficace.
Il y a ensuite ce que l'on appelle le nouveau programme de travail - soit les questions qui, ?mesure que se poursuit le processus d'int間ration 閏onomique mondial, entrent naturellement dans le champ du programme de travail futur de l'OMC.
- Une question nouvelle qui fait d閖?partie du programme de travail de l'OMC est celle du rapport entre le commerce et l'environnement. Au coeur du probl鑝e il y a la relation que nous 閠ablissons entre le syst鑝e commercial multilat閞al fond?sur des r鑗les, la poursuite de la lib閞alisation du commerce et le d関eloppement futur de l'閏onomie mondiale et les consid閞ations et objectifs li閟 ?l'environnement. Il est possible d'envisager des situations dans lesquelles le commerce, s'il n'est pas 閠ay? par une politique environnementale saine, entra頽e des dommages pour l'environnement - ou au contraire une situation dans laquelle les r間lementations environnementales portent pr閖udice au commerce l間itime. Dans ces cas, toutefois, il faut se montrer prudent et se demander si c'est la politique commerciale ou la politique environnementale qui doit 阾re ajust閑. On peut aussi facilement voir comment des accords environnementaux internationaux mal con鐄s risquent d'entraver inutilement les 閏hanges et de r閐uire les revenus - voire de menacer la transformation et l'am閘ioration de l'environnement. Parall鑜ement, il est tout aussi important de reconna顃re les cas dans lesquels, en encourageant l'efficacit?et une meilleure r閜artition de ressources limit閑s, la lib閞alisation du commerce peut favoriser une am閘ioration de l'environnement. Je suis certain que les travaux que nous r閍lisons actuellement dans ce domaine ?l'OMC contribueront ?une meilleure compr閔ension des probl鑝es et aideront les gouvernements ?閘aborer des politiques plus coh閞entes sur ce th鑝e.
- Le commerce et l'investissement est un sujet qui pourrait bien figurer dans le nouveau programme de travail, puisque l'une des cons閝uences de la mondialisation est de r閐uire l'閏art entre les diff閞entes formes d'acc鑣 aux march閟. Dans le cadre du GATT, nous avions l'habitude de penser ?l'acc鑣 aux march閟 simplement en termes de droits de douane et de mesures non tarifaires. La lib閞alisation consistait ?r閐uire les droits de douane et ?閘iminer les autres obstacles au commerce ?la fronti鑢e. L'investissement 閠ranger 閠ait une question tout ?fait diff閞ente. Certes, les pays consid閞aient souvent les droits et les autres obstacles au commerce comme des m閏anismes pratiques d'incitation ?l'investissement 閠ranger. La protection du march?int閞ieur permettait aux investisseurs 閠rangers de d間ager des b閚閒ices int閞essants. Tel 閠ait le fondement de la strat間ie du d関eloppement fond閑 sur le remplacement des importations - strat間ie qui n'a gu鑢e fait ses preuves et a m阭e 閠?discr閐it閑. Dans le monde des affaires internationales d'aujourd'hui, le commerce et l'investissement sont de plus en plus consid閞閟 comme compl閙entaires, et non comme substituables. Des entreprises internationales peuvent 阾re implant閑s dans plusieurs pays. De plus en plus, les entreprises commercent pour investir et investissent pour commercer. L'OMC ne peut pas s'occuper uniquement d'un des termes de l'閝uation - le commerce - ce qui serait nier les r閍lit閟 des pratiques commerciales mondiales d'aujourd'hui.
Ce n'est pas par hasard que l'investissement 閠ranger direct a quadrupl?au niveau mondial, passant ?pr鑣 de 200 milliards de dollars EU par an, pendant la p閞iode de dix ans qui a pris fin en 1993. De fait, l'importance de l'investissement a 閠?reconnue dans l'Accord g閚閞al sur le commerce des services n間oci?pendant le Cycle d'Uruguay; l'investissement, ou la pr閟ence commerciale, y est l'un des quatre modes de fourniture des services pour lesquels les Membres de l'OMC ont contract?des engagements en mati鑢e d'acc鑣 aux march閟. Mais, ?mon avis, nous avons besoin d'une approche plus large, ou plus horizontale, en ce qui concerne les r鑗les internationales en mati鑢e d'investissement. Ces r鑗les reposeraient sur les principes de la non-discrimination et du traitement national de l'OMC et cr閑raient un climat destin??encourager et ? pr閟erver l'investissement 閠ranger, que ce soit dans le domaine des Goods ou dans celui des services. L'OCDE a d閖?commenc?de travailler dans ce sens mais je pense que, de plus en plus, les gouvernements reconna顃ront que des travaux sur l'investissement doivent 阾re entrepris dans un cadre plus g閚閞al. Et ce en particulier non seulement parce que les pays en d関eloppement sont la cible d'une part croissante de l'investissement international mais aussi parce qu'ils deviennent eux-m阭es d'importants investisseurs ?l'閠ranger. Il convient de noter que l'Accord sur les mesures concernant les investissements et li閑s au commerce d閏oulant du Cycle d'Uruguay pr関oit que les Membres examineront dans les cinq ann閑s ?venir s'il y a lieu d'閘aborer des dispositions sur une politique de l'investissement.
- Cela vaut aussi pour la politique en mati鑢e de concurrence, que nous devrons envisager d'inclure dans notre programme de travail futur. Bien s鹯, ce que nous avons fait au GATT et ?l'OMC pendant ces 50 derni鑢es ann閑s pour mettre en place un environnement commercial lib閞al est pr閏is閙ent d'am閘iorer la concurrence. Mais si nous avons r閡ssi ?faire en sorte que les r鑗les de la concurrence entre les pays soient efficaces, ce succ鑣 veut que nous allions plus loin et que nous nous demandions comment le comportement des soci閠閟 peut fausser la concurrence internationale. Nous devrons voir s'il y a des domaines dans lesquels des r鑗les expresses en mati鑢e de concurrence, ou des accords sp閏ifiques, sont n閏essaires au plan international pour compl閠er les lois que de nombreux gouvernements appliquent d閖? A mon avis, il ne fait aucun doute que les r鑗les en mati鑢e de concurrence sont essentielles pour le bon fonctionnement des march閟 - toutefois, ce que nous devons pr閏iser c'est comment promouvoir au mieux ces disciplines, tant au plan national qu'au plan international.
- Certains Membres de l'OMC aimeraient que l'on inclue dans le nouveau programme le th鑝e du commerce et des normes sociales. Il s'agit d'une question hautement controvers閑 et, en l'absence de consensus, elle ne peut figurer dans le programme de l'OMC.
Il est 関ident que ce qu'il faut avant tout c'est un effort global pour jeter une certaine lumi鑢e sur les nombreuses questions complexes en jeu.
La premi鑢e question ?pr閏iser est celle de la nature du sujet; parlons-nous de l'avantage comparatif dont les pays en d関eloppement jouissent du fait du niveau plus bas de leurs salaires - comme on pr閟ente souvent les choses - des droits de l'homme ou des normes de travail? Il est fondamental de clarifier les termes du d閎at dans ses rapports avec le commerce.
En deuxi鑝e lieu, il faut identifier les questions-cl閟 en relation avec le commerce; par exemple, faut-il consid閞er le travail des enfants et les droits syndicaux sous l'angle des normes de travail ou sous celui des droits de l'homme?
Ce sont l? uniquement quelques-unes des questions auxquelles il faut r閜ondre avant de se demander si un d閎at utile est en fait possible ?ce sujet.
Heureusement, nous ne partons pas de z閞o. Le d閎at sur la question a en fait commenc??la Conf閞ence de Versailles sur la paix et certains des principes en jeu ont 閠?repris d鑣 le d閜art dans l'article XX du GATT. A l'ONU, ?l'OCDE, ?l'OIT et dans les administrations nationales, le d閎at a progress?utilement et a m阭e abouti ? certaines mesures concr鑤es. Je voudrais mentionner en particulier ?ce sujet les travaux effectu閟 tr鑣 r閏emment par l'OIT pour identifier certains principes qui pourraient 阾re importants si l'on devait examiner la question ?l'OMC. Ces principes ont 閠?pr閟ent閟 comme des valeurs partag閑s sans qu'aucune objection n'ait 閠?soulev閑 par les membres de l'OIT.
Suivant l'un de ces principes, la croissance et le d関eloppement 閏onomiques et sociaux sont dans une large mesure interd閜endants. Lorsque la situation 閏onomique est mauvaise, il est probable que la situation sociale sera 間alement mauvaise. Et inversement, lorsqu'il y a croissance 閏onomique, celle-ci s'accompagnera probablement d'un d関eloppement social.
Personne ne devrait contester le droit l間itime des pays en d関eloppement d'utiliser l'avantage comparatif que leur procure le bas niveau de leurs prix de revient, et personne ne devrait pratiquer un protectionnisme d間uis?sous pr閠exte de d閒endre les droits de l'homme ou les normes sociales, mais aucun pays ne devrait d閘ib閞閙ent bafouer les droits des travailleurs ou tenter de faire baisser artificiellement les co鹴s en recourant au travail forc? en 閠ablissant une discrimination ?l'間ard des femmes, en exploitant les enfants, entre autres abus.
En aucun cas nous ne devrions permettre que ce d閎at fasse r閍ppara顃re la fracture Nord-Sud. C'est par le dialogue que nous trouverons les moyens de mieux faire respecter les normes de travail.
Enfin, l'OIT a reconnu la n閏essit?d'am閘iorer ses moyens d'action dans ce domaine.
Je voudrais mentionner les points expos閟 par la Pr閟idente du Groupe de travail de l'OIT sur la dimension sociale de la lib閞alisation du commerce international plus t魌 dans l'ann閑 parce que je pense que, sur la base de ces valeurs partag閑s, il est possible d'engager le d閎at sur la question. J'estime aussi que, pour convaincre les pays en d関eloppement qu'aucune consid閞ation protectionniste n'entre dans le d閎at, il est essentiel de prouver que toutes les mesures possibles, autres que des sanctions commerciales, sont prises pour att閚uer les probl鑝es. Un excellent exemple est le m閙orandum d'accord sur l'閘imination du travail des enfants dans l'industrie du v阾ement au Bangladesh, qui a 閠?sign?en juillet par ce secteur, l'OIT et le FISE avec l'appui des gouvernements du Bangladesh et des Etats-Unis. Cette action conjointe associe des restrictions concernant le travail des enfants ?l'am閘ioration du niveau d'instruction de ces enfants. Il s'agit l?d'une approche cibl閑 et constructive face ?un probl鑝e sp閏ifique et en tant que telle elle offre, je crois, un mod鑜e utile pour les actions ?entreprendre ? l'avenir. En revanche, restreindre simplement les importations de v阾ements provenant du secteur vis?n'aurait servi selon toute vraisemblance qu'?aggraver la situation de ces enfants.
Pour r閟umer, je r閜閠erai qu'il est n閏essaire ?mon avis de proc閐er ?un examen global de la question; c'est le seul moyen d'閠ablir le degr?de confiance n閏essaire si l'on veut que tous les pays examinent ensemble si elle se rapporte au commerce et comment.
IV
Enfin et surtout j'aimerais dire quelques mots au sujet de deux questions li閑s - la r閏iprocit?et la croissance du r間ionalisme dans les relations commerciales internationales.
- P閞iodiquement, on pr閏onise l'application de politiques commerciales fond閑s sur la r閏iprocit?/b> et non sur le principe fondamental du traitement NPF. Les d閒enseurs de cette approche partent de l'hypoth鑣e que le degr?de lib閞alisation auquel certains pays sont d閖?parvenus ne leur donne aucun moyen de d閒ense r閑l, dans une n間ociation multilat閞ale, vis-?vis des pays dont le processus de lib閞alisation est beaucoup moins avanc? Les partisans de la r閏iprocit?pr閠endent que ces pays n'ont pas vraiment de raison de pousser plus loin la lib閞alisation 閠ant donn?les avantages qu'ils tirent du syst鑝e NPF.
- J'aimerais formuler deux observations sur ce point. Premi鑢ement, dire que la r閏iprocit?remplace le principe NPF revient ?rejeter un syst鑝e commercial que nous avons mis 50 ans ?閐ifier et va ?l'encontre de ce que les p鑢es fondateurs de ce syst鑝e avaient envisag?
- Deuxi鑝ement, je peux comprendre qu'une nation ou un groupement r間ional qui se consid鑢e comme un march?ouvert estime avoir le droit de se battre pour obtenir de tous ses partenaires le plus grand degr?possible de lib閞alisation. M阭e si cet argument est utilis?de mani鑢e tactique et temporaire en tant qu'instrument de n間ociation, il y a peu de raison de s'alarmer au sujet de son incidence sur le syst鑝e dans son ensemble. Mais s'il devient un instrument de politique permanent, le risque pour le syst鑝e multilat閞al pourrait devenir s閞ieux.
- Le commerce est un domaine technique quant au fond mais hautement politique pour ce qui est de ses cons閝uences. La r閏iprocit?en tant que substitut structurel du syst鑝e multilat閞al 閝uivaut au bilat閞alisme; qui dit bilat閞alisme dit discrimination; en d'autres termes, des relations commerciales fond閑s sur la puissance plut魌 que sur des r鑗les. Ce serait rompre de mani鑢e tr鑣 dangereuse avec la tradition du syst鑝e multilat閞al.
- La progression du r間ionalisme est une question plus complexe. Il n'y a pas de contradiction r閑lle entre le r間ionalisme et le syst鑝e multilat閞al. Telle est l'id閑 que partagent la vaste majorit?des n間ociants. L?o?il y a une contradiction r閑lle, il faut toujours le souligner, c'est entre la libert?des 閏hanges et le protectionnisme. Les initiatives commerciales r間ionales peuvent certainement contribuer ?abaisser les obstacles au commerce et de ce fait ?promouvoir la croissance 閏onomique. Mais la relation entre le r間ionalisme et un syst鑝e multilat閞al fond?sur le principe NPF n'en est pas moins complexe. Les dispositions du GATT visaient ?assurer la compatibilit?des accords r間ionaux en exigeant qu'ils couvrent l'essentiel des 閏hanges commerciaux entre les partenaires et favorisent les politiques commerciales qui n'entra頽ent pas une protection plus 閘ev閑 ou des restrictions suppl閙entaires pour le commerce des pays tiers. Dans la pratique, toutefois, il s'est r関閘?presque impossible d'関aluer la compatibilit?des accords r間ionaux avec le syst鑝e multilat閞al en vertu de ces dispositions. Depuis la cr閍tion du GATT il y a pr鑣 de 50 ans, 108 accords r間ionaux ont 閠?notifi閟. Jusqu'ici, 80 accords existants ont 閠?examin閟 et six seulement ont 閠?jug閟 compatibles avec les r鑗les que je viens de mentionner (l'UE n'en fait pas partie). R閏emment, 20 nouveaux accords r間ionaux ont 閠?notifi閟, qui doivent 阾re examin閟 dans le cadre de l'OMC. On ne sera pas surpris d'apprendre que les r閟ultats ne devraient pas 阾re tr鑣 concluants. Il est manifestement n閏essaire d'am閘iorer les r鑗les et les proc閐ures en vertu desquelles les Membres de l'OMC peuvent 関aluer cette relation critique. Mais il est 関ident aussi que les questions juridiques ne sont qu'un 閘閙ent parmi d'autres.
- Dans la pratique, la relation entre la lib閞alisation r間ionale et la lib閞alisation multilat閞ale est diff閞ente, g閚閞alement plus positive. Par exemple, les 閘argissements successifs de l'Union europ閑nne ont 閠?suivis par des n間ociations commerciales multilat閞ales qui ont maintenu un lien de facto entre les progr鑣 au niveau r間ional et les progr鑣 au niveau multilat閞al. Ces liens expliquent que la plupart des gens voient dans les accords r間ionaux des 閘閙ents contribuant ? l'閐ification d'un syst鑝e d'閏hanges multilat閞aux libres.
- La situation 関olue-t-elle et devons-nous nous adapter ?cette id閑 g閚閞alement positive? Permettez-moi d'avancer quelques arguments en r閜onse ?cette question.
Jusqu'?une 閜oque tr鑣 r閏ente, il n'y avait qu'un grand groupement r間ional, qui se limitait ? un certain nombre de pays d'Europe occidentale. Les Etats-Unis 閠aient traditionnellement oppos閟 au r間ionalisme. Mais cette situation a chang? Depuis les ann閑s 80, les Etats-Unis ont commenc??conclure leurs propres accords r間ionaux de libre-閏hange - Canada, ALENA, APEC, etc. A l'heure actuelle, la quasi-totalit?des pays Membres de l'OMC appartiennent 間alement ?un accord commercial r間ional. Les accords r間ionaux ont perdu de leur importance en tant que moyen de r閐uire les droits de douane (cela 間alement gr鈉e au succ鑣 du GATT). En revanche, ils deviennent de plus en plus importants pour ce qui est des r鑗les du commerce et pour le poids politique qu'ils repr閟entent dans les n間ociations internationales. Il s'agit l?d'閘閙ents qui pourraient rompre le parall閘isme entre les progr鑣 r間ionaux et les progr鑣 multilat閞aux; il est ?craindre que les antagonismes entre groupements r間ionaux rendent plus difficiles le d関eloppement du syst鑝e multilat閞al.
En outre, les initiatives r間ionales, comme la proposition visant ?cr閑r une zone de libre-閏hange transatlantique, pourraient donner l'impression que l'on cherche ?r閠ablir une ligne de d閙arcation discriminatoire entre le Nord, riche, et le Sud, pauvre.
La conclusion ?tirer de tout cela est que nous devons 阾re vigilants et chercher ?renforcer le lien qui a toujours exist?entre les progr鑣 r間ionaux et les progr鑣 multilat閞aux. Dans la pratique, il faut donc que les initiatives de lib閞alisation r間ionales soient prises pour ainsi dire en tandem avec les initiatives multilat閞ales. Ce que les pays souhaitent faire au plan r間ional, ils doivent aussi 阾re pr阾s ?le faire au plan multilat閞al, de mani鑢e ?maintenir le parall閘isme entre engagements r間ionaux et engagements multilat閞aux.
Au coeur de cette relation, il y a la question fondamentale de savoir quel type de syst鑝e international nous souhaitons: un syst鑝e mondial fond?sur le principe de la non-discrimination consacr?par des r鑗les convenues et contraignantes ou un monde divis?en blocs r間ionaux avec toutes les cons閝uences que cela entra頽e pour la stabilit?et la s閏urit?politiques.
V
En r閟um? il est 関ident que les d閒is que le syst鑝e commercial multilat閞al doit relever sont loin de ne concerner que les questions commerciales telles qu'on les d閒inissait jusqu'ici. Je sais que pour certains - pour certains pays aussi - la rapidit?du changement est g阯ante, voir inqui閠ante. Face aux d閒is que la r関olution de l'information constitue pour quiconque a plus de 30 ans ou au rythme de la mondialisation 閏onomique, il y a un r閒lexe compr閔ensible, celui qui nous fait souhaiter que le monde ralentisse un peu sa course. N閍nmoins, nous savons qu'il ne le fera pas.
Si nous r閐uisons nos importations en provenance des pays en d関eloppement, nous r閐uisons leur croissance, et notre croissance aussi. Et la croissance de nombreux pays en d関eloppement sera le facteur de progr鑣 le plus dynamique dans les pays d関elopp閟.
Parall鑜ement, si nous r閐uisons les possibilit閟 d'exportation des pays en d関eloppement, nous ne ferons qu'accro顃re le ch鬽age et la pauvret?dans ces pays et restreindre encore les chances qui s'offrent aux jeunes.
Et si nous essayons de fermer nos fronti鑢es aux Goods et aux individus, nous ne ferons qu'accro顃re l'instabilit? la violence, les conflits et le terrorisme. Aussi, la seule politique soutenable ?long terme que les pays en d関eloppement et nous-m阭es puissions adopter est de rester fermement attach閟 au principe de l'ouverture.
C'est pourquoi nous devons pr閟erver le syst鑝e multilat閞al avec son ensemble de principes et de r鑗les fiables: c'est un point d'ancrage solide dans un monde en mutation. Si la lib閞alisation se poursuit dans le cadre du syst鑝e multilat閞al, ce processus inexorable pourra se d閞ouler dans le respect de r鑗les et de disciplines convenues au plan international. Nous sommes l??l'oppos?d'un processus chaotique et incontr鬺able - sans la s閏urit?du syst鑝e multilat閞al, le changement serait un saut dans les t閚鑒res.
Dans le m阭e temps, le syst鑝e multilat閞al se politise. C'est que son 関olution touche de plus en plus aux r間lementations nationales et non plus seulement aux obstacles transfronti鑢es; c'est aussi que les probl鑝es qui se posent au syst鑝e sont de plus en plus politiques et de moins en moins techniques. Dans ce contexte, il pourrait 阾re tr鑣 important d'envisager la possibilit?de consolider la base institutionnelle du syst鑝e - par exemple, en renfor鏰nt la dimension politique de son institution centrale, l'OMC.
Je suis fermement convaincu que la confluence des 関閚ements politiques et 閏onomiques intervenus ces derni鑢es ann閑s nous offre une occasion historique: celle d'閠ablir un syst鑝e v閞itablement mondial pour la conduite des relations 閏onomiques internationales, un syst鑝e qui r閍gisse rapidement au changement et ?l'関olution des besoins, un syst鑝e auquel chaque nation souhaitera appartenir. Faisons face ?ce d閒i, tout comme Spaak et les autres fondateurs du monde de l'apr鑣-guerre ont fait face aux leurs. Leurs r閍lisations ont fa鏾nn?le monde d'aujourd'hui, elles devraient inspirer notre avenir.