Sénégal
Cinq mesures pour la transformation numérique
Assane Diankha est le chef de la Division du commerce des services et du commerce électronique au Ministère du commerce du Sénégal. Il souligne certaines des mesures prises pour réaliser la transformation numérique au Sénégal.
Assane Diankha est le chef de la Division du commerce des services et du commerce électronique au Ministère du commerce du Sénégal.Pouvez-vous nous dire comment le Sénégal a entamé son parcours de transformation numérique ?
Nous avons regardé autour de nous dans le monde pour voir ce que les autres pays faisaient en matière de commerce électronique. Nous nous sommes rendus en Chine et aux États-Unis. Lorsque nous avons examiné ce qui se passait chez nos partenaires commerciaux en Afrique, nous nous sommes rendu compte que le marché numérique africain était très fragmenté. Par exemple, plus de la moitié des acheteurs en ligne se trouvent sur cinq marchés seulement: le Nigéria, l'Afrique du Sud, le Kenya, le Maroc et le Ghana. Et ce que nous avons constaté, c'est que tous ces pays ont un dénominateur commun - ils ont pris cinq mesures clés pour que le commerce numérique prospère.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ces cinq mesures clés?
Premièrement, il s'agit de réduire le déficit de compétences numériques grâce aux efforts de renforcement des capacités. Deuxièmement, il est nécessaire de créer un cadre juridique adapté au commerce numérique. Comme vous le savez, la technologie évolue beaucoup plus rapidement que la législation. Au Sénégal, nous avons adopté une législation sur la protection des données et des consommateurs. À l’heure actuelle, très peu de pays africains ont des lois sur l'IA.
Troisièmement, il s'agit de créer une infrastructure numérique. Et pour passer au commerce électronique, nous devons faire en sorte qu'un pourcentage minimum de personnes aient accès à Internet. Au Sénégal, 96% de notre population a actuellement accès à Internet. Nous travaillons maintenant à connecter les zones rurales du Sénégal au réseau Internet à haut débit en déployant la fibre optique et en étendant la couverture du réseau 4G. Quatrièmement, le caractère abordable de la connexion à Internet est crucial. Nous devons travailler avec les fournisseurs d’accès Internet pour réduire les coûts d'accès à une connexion Internet.
Enfin, il s'agit de soutenir nos entrepreneurs. Le soutien peut être multiforme, allant des incitations fiscales aux pépinières d'entreprises en passant par le financement. Nous avons aujourd'hui des projets conçus pour aider les femmes et les jeunes à accéder aux outils numériques pour leurs entreprises.
Qu'est-ce que cela signifie pour les entrepreneurs sénégalais?
Grâce à notre stratégie "Sénégal numérique 2025" et à notre stratégie en matière de commerce électronique, nous voulions nous assurer que des possibilités étaient créées pour les producteurs sénégalais, pour les ventes en ligne aux niveaux national et international. Nous voulions accroître le volume des échanges. Et l'élément final était de faire en sorte que le plus grand nombre possible de parties prenantes s'engagent dans cette transformation numérique.
Nous avons donc mis en place une plate-forme numérique - Boutik 221 - pour les producteurs et les petites entreprises sénégalaises, y compris celles situées dans les zones reculées, qui souhaitent bénéficier du commerce numérique. La plate-forme offre des services de logistique, de livraison et de paiement en ligne. Nous avons maintenant plus de 500 producteurs locaux utilisant la plate-forme pour la promotion de leurs produits. Nous voulons faire en sorte que le Sénégal bénéficie d'un commerce numérique inclusif, durable et fiable, qui offre de nouvelles possibilités à nos entreprises et à notre population.
