Timor-Leste

Faire découvrir un café de spécialité à un public mondial

Daniel Leong est un entrepreneur du secteur du café qui siège au conseil d'administration de l'Associação Café Timor au Timor-Leste. Daniel met en lumière ce que la filière du café de spécialité apporte à l'économie timoraise.


Daniel Leong est un entrepreneur du secteur du café qui siège au conseil d'administration de l'Associação Café Timor au Timor-Leste.

En 2023, le Timor-Leste a exporté 12 000 tonnes de café, principalement vers les États-Unis et l'Europe. Toutefois, ce chiffre est à comparer avec la production mondiale de café qui est de l'ordre de 10 millions de tonnes. Le Brésil, premier producteur de café, représente environ un cinquième de la production mondiale. Il faudrait au Timor-Leste 150 ans pour produire ce que le Brésil produit en une saison.

Qu'est-ce que le Café Timor a de si particulier?

Le Timor est issu de l'hybride Timor. C'est une variété unique, un croisement entre une plante d'arabica et une plante de robusta. C'est la variété dominante qui est cultivée dans nos montagnes. Vous la trouverez également au Brésil, en Colombie, au Costa Rica, en Éthiopie, au Honduras, en Inde et en Indonésie. Elle est résistante à la rouille du caféier, un virus fongique qui a ravagé le secteur dans les années 1970 et 1980.

Quelles difficultés le secteur du café au Timor-Leste rencontre-t-il?

Nous avons peiné à maintenir un volume de production ainsi qu'un niveau de qualité et d'innovation durables. Les ressources limitées en ce qui concerne la gestion des plantations, les difficultés d'accès routier et l'irrégularité des précipitations ont causé une baisse progressive des rendements. Cependant, nous avons fait des progrès considérables. Nous avons créé l'Associação Café Timor et avons commencé à axer nos efforts sur le café de spécialité. Avec l'aide du gouvernement, nous nous sommes employés à faire du Timor-Leste un pays novateur en matière de modèles d'entreprise et de partenariats.

Quel est le rôle des partenariats dans le soutien à la production de café?

Les partenariats permettent de réduire les risques. Ils accompagnent également l'analyse et la stratégie relatives à la gestion des risques. Par exemple, le partenariat de longue date entre le Mécanisme australien de développement des marchés, le gouvernement timorais, l'association du café et le secteur privé nous permet de nous adapter à l'évolution de la situation, de modifier les prix des produits de base et d'améliorer la résilience face aux pandémies et au changement climatique. Ce partenariat a aussi contribué à mieux faire connaître le Café Timor.

Premièrement, il a facilité la création d'une marque. Il ne s'agit plus uniquement d'un café 100% arabica, mais d'une variété hybride contenant de l'aloès cultivé à 1 000 mètres au-dessus du niveau de la mer et fermenté au moyen d'un procédé de lavage pendant quatre jours.

Deuxièmement, ce partenariat nous a aidés à nous concentrer sur le café de spécialité, ce qui nous a permis de dépasser les prix plafonds et de renforcer la résilience économique. L'un des principaux piliers du café de spécialité est la traçabilité, qui tient compte des caféiculteurs et autres acteurs essentiels de la chaîne de valeur. Elle reconnaît également le rôle des femmes dans la production de café.

Troisièmement, ce partenariat nous a permis de mieux comprendre les conséquences du changement climatique et de mettre en place des mesures visant à garantir la durabilité. En général, on ne sait jamais ce que l'on va récolter en raison de l'évolution des conditions météorologiques. D'ailleurs, nous pouvons prendre différentes mesures pour améliorer nos rendements.

Quels résultats ont été obtenus à ce jour?

En plus de représenter l'association Café Timor, je suis aussi cofondateur de Kape Diem Coffee Lab et d'Orijem Timor, qui consacrent l'essentiel de leur activité au café de spécialité. Nous avons lancé Kape Diem Coffee Lab en 2018, en posant beaucoup de questions. D'où vient ce café? De quel district, de quel village, de quelle famille ? À partir de là, nous avons approfondi les travaux de recherche, l'acquisition de connaissances et l'échange de renseignements sur la qualité du café. Nos partenaires de développement ont également joué un rôle déterminant pour nous aider à accroître la production.

En 2021, Orijem Timor a vu le jour pour faire passer l'activité de 10 familles de caféiculteurs à 600. C'est désormais notre entité chargée des exportations, qui relie notre café au marché australien.

Toutefois, nous n'en avons pas encore fini. L'accession du Timor-Leste à l'OMC conduira probablement à plus d'innovation et de changement que nous ne pouvions l'imaginer.